Atelier de Commedia dell'Arte à Paris
Toute personne adulte, novice ou initiée, est la bienvenue ! Seule compte l’envie de tenter l’aventure, avec bienveillance et curiosité.
Contenu
- exercices et jeux - spécifiques aussi !
- présentation de l'univers de la Commedia : historique et théâtral
- étude des personnages masqués : gestuelles et caractères
- création de canevas
- improvisation et développement de l’imagination
2 vendredis par mois, de 18h à 20h
Les dates sur le calendrier
NB : Pour le confort et la progression des participants, ainsi que pour la trésorerie de l’association, un engagement au trimestre est demandé, soit les 6 séances.
Où
Salles St Roch : 35 rue de Saint Roch 75001 Paris - Métro Pyramide ou Opéra
Tarifs
Un forfait de 150€ le trimestre, réglable en 2 fois : 30 € à la 1ère séance et 120 € à la 2e séance pour ceux qui continuent.
En sus, l'adhésion annuelle à l’association de 20€, réglable à la 2e séance.
NB : Apportez tout ce qui peut servir à se costumer ! Foulards, écharpes, paréos, capes, châles, collants noirs en nylon, mitaines, chapeaux, bonnets…
Inscriptions :
etsionjouait_theatre@yahoo.fr
ou 06 34 11 72 88
Historique
La Commedia dell’arte est un genre de théâtre populaire italien, qui fait son apparition au début du XVIe siècle. Cela signifie littéralement : « théâtre interprété par des gens de l’art ». Autrement dit, des gens du métier - des comédiens professionnels. Le 25 février 1545, à Padoue, huit acteurs vénitiens de la « Compagnie fraternelle » signent un contrat pour ne plus être des dilletanti, comédiens amateurs, mais professionnels. La commedia est à l’origine d’un deuxième fait historique : c’est la première fois dans l’histoire du théâtre occidental que des femmes sont intégrées aux troupes et tiennent leurs propres rôles. Avant, de l’Antiquité à Shakespeare, c’étaient les hommes qui jouaient tous les personnages.
La Commedia s’inscrit dans la veine de la comédie latine, de Plaute et Térence en particulier.
Cependant, elle consiste, non pas en une histoire écrite par un auteur puis interprétée, mais en un jeu collectif des comédiens qui improvisent sur un canevas - simple trame narrative, fixant les entrées et sorties des personnages et la chronologie des actions principales. D’où son surnom : "Commedia all' improviso". Issus du théâtre de rue, les comédiens sont aussi mimes, chanteurs, danseurs, jongleurs, acrobates et musiciens. Portant des masques pour interpréter personnages et intrigues qui viennent de la tradition, ils jouent sur des tréteaux, lors des foires ou des marchés avant de conquérir les théâtres.
Les canevas permettent de mettre en scène, avec seulement quelques heures de préparation, des situations de l’actualité locale. Les comédiens peuvent ainsi renouveler sans cesse les dialogues et monologues en les adaptant aux circonstances et aux lieux qu’ils traversent, tout en gardant la structure de l’œuvre qui devient de plus en plus connue. Ainsi chaque soir le spectacle est du sur mesure pour un public de tout horizon. Les ancêtres des Guignols de Canal + !
Ces troupes itinérantes se répandent dans toute l'Italie, puis dans toute l'Europe, jusqu'en Russie. Elles rencontrent partout un immense succès, mais c'est en France qu'elles exercent l'influence la plus profonde. Appelés par le roi et les cours de province, les comédiens italiens viennent jouer régulièrement à partir de 1570. L'Hôtel de Bourgogne est loué en 1583 à la troupe de Battista Lazaro qui partagera avec Molière, à partir de 1660 et sur ordre de Louis XIV, la salle du Petit-Bourbon.
Puis au XVIIIe siècle, en Italie, l’auteur Carlo Goldoni oblige ses acteurs à se référer au texte écrit, à renoncer aux lazzi (comique gestuel et traditionnel). Il élimine peu à peu l’usage du masque, et confère aux personnages une individualité toujours plus marquée, les éloignant ainsi des types initiaux. Autrement dit, il transforme la Commedia dell’arte en comédie de caractère.
Le XIXe siècle oublie quelque peu cet art. En France, cependant, la famille Deburau reprend les personnages de Pierrot et Colombine, et les fait entrer par le mime dans le répertoire théâtral français. Au XXe siècle, lorsque Dario Fo rencontre Franca Rame, fille d’une famille de comédiens itinérants qui possèdent encore les canevas ancestraux, il adapte au monde moderne ces témoignages d’une ancienne culture maintenant éteinte, notamment avec la pièce Mystère Bouffe (1969). Au XXIe siècle, à Paris, l’italien Carlo Boso fonde une école internationale dédiée à la formation d’artistes de Commedia. Il crée et met en scène plusieurs spectacles, d’Avignon à Venise, en passant par toute l’Europe, selon la tradition de ces ancêtres.
Les principaux personnages et leur masque
L'identification immédiate des personnages traditionnels est permise par les costumes et attributs mais surtout par les masques. Le mot masque vient de l'italien mashera qui veut dire « faux visage ». A l’origine, les masques ont un lien avec le sacré. Au XVIe siècle, ils permettent aux comédiens de rue de souligner les traits de caractères principaux de leur personnage et d’en faire des archétypes universaux. Ces personnages, pouvant être très subversifs, sont souvent censurés. Le masque protège alors son comédien de l’ire fatale des différentes autorités, religieuses ou laïques.
Tous les comédiens, à l’exception des Amoureux et des femmes (Amoureuses, Courtisanes et Servantes) sont masqués. Les personnages respectent une hiérarchie sociale. Les nobles sont représentés par Monsieur et Madame Pantalon, le Docteur, les Amoureux. Les classes intermédiaires par Le Capitan et la Courtisane. Les serviteurs par Arlequin et la servante Zerbinette ou Franchesquina. En dehors de toute classe et au sommet de la hiérarchie trône la Sorcière. Ces personnages habitent une ville ou village d’Italie ou voyagent à travers le monde. La scène représente souvent une place publique. Les travestissements sont de mise pour tous : les Amoureuses se déguisent en homme et partent à l’aventure, les valets en nobles, les hommes en femmes… Et tout rentre dans l’ordre à la fin.
Les sujets des intrigues nous sont parvenus par Molière, Marivaux et Goldoni, notamment : des maîtres autoritaires se faisant ridiculiser par leurs serviteurs, des vieillards avares amoureux de jeunes filles, elles-mêmes aimant de beaux jeunes hommes, des aventures rocambolesques à travers le monde… le tout narré avec impertinence et vivacité. Ces spectacles étaient aussi satiriques et « moraux », au sens du XVIIe siècle : ils invitaient à la réflexion, comme la Fontaine dans ses Fables.
Pantalon, Pantalone en italien, est un riche marchand vénitien. Son nom dérive peut-être de PiantaLeone, « plante le lion », en référence aux Vénitiens qui, lorsqu’ils conquerraient de nouvelles terres pour la république de Venise, y plantaient le drapeau de Saint-Marc, illustré par un lion. On attribue aussi le modèle du personnage à l’ancien patron de Venise, Pantéleimon de Nicomédie, devenu Saint Pantaléon auquel sa ville consacre une église.
Pantalon appartient à la tradition des vieillards de comédie, déjà présente à Rome. Comme eux, il est crédule, grognon, parfois libidineux, toujours avare. Il peut être père, époux, veuf, ou encore vieux garçon songeant toujours à plaire. Très rancunier jusque dans son testament : « Je lègue à mon valet vingt-cinq bons coups de fouet bien sanglés, pour avoir fait un trou au fond de mon vase de nuit et m’avoir tout fait répandre dans mon lit. » N’ayant jamais été mort, il n’est pas possible de savoir si sa volonté a été exécutée ! Il n'a qu'un seul ami fidèle, le Docteur. Dans les farces françaises et les comédies de Molière, on le retrouve sous les noms de Géronte, Orgon, Gorgibus, Harpagon, Arnolphe…
Son masque est noir, avec un nez crochu et proéminant lui donnant un air inquiétant de profil, et des yeux ronds qui, de face, lui donne un air de vieille chouette étonnée.
Madame Pantalon
Inventé et introduit par Ariane Mnouchkine, ce personnage ressemble beaucoup à celui de son mari : ronchonne, acariâtre, avare, rusée, elle aussi aime à plaire aux jeunes gens. Dans la famille c’est elle qui porte la culotte ! Elle a le même masque que monsieur Pantalon.
Le Docteur, Il Dottore en italien, est un docte, un savant venu de Bologne. Il enseigne et pratique l'astronomie, le droit ou encore la médecine et dans chaque discipline prescrit des remèdes plus ou moins farfelus... Il est gros, gras « ayant ingurgité beaucoup de savoir, dit Carlo Boso, et son ventre proéminent l’empêche de se pencher et le gêne pour marcher ». En fait, sa science n'est que feinte. Son ignorance le ridiculise lorsqu'il parle un latin de cuisine, dénué de sens... Il incarne une satire des savants pédants du XVIIe siècle, tels que Molière les dépeint dans son œuvre : Purgon, Diafoirus, ou même Sganarelle « en habit médecin » dans Dom Juan.
Son masque est noir, inspiré du taureau « assez bas de plafond ». Il couvre seulement son front et son nez.
Le Capitan ou Matamore
Comme le Capitan italien originaire de Naples, Matamore - de l'espagnol mata moros « tueur de Maures », est une des formes du « Soldat fanfaron » (Miles gloriosus) de Plaute.
Muni d’une épée et de belle prestance, il représente une parodie de l’héroïsme militaire espagnol. Au XVIe siècle, les exploits militaires qu’avaient chantés les troubadours du Moyen-Age ont cessé d’être appréciés du public. Les provinces italiennes conquises par les Espagnols sont gouvernées avec fermeté et la prise en charge des mercenaires pèse sur l’économie du pays. Aussi, se moque-t-on ouvertement des récits militaires et épiques en créant ce personnage. Terrible dès le berceau, le Capitan est capable de faire frissonner ceux qu’il regarde ; il change les cités en cimetières sur son passage, il terrifie et fait pâlir même le soleil et la lune. Il est toujours sûr de vaincre auprès des femmes. Excentrique, il aime l’excès. Mais tout ceci en parole, dans ses récits mirifiques ! Car dès qu’il faut passer aux actes, il se met à trembler comme une feuille et se dégonfle comme une baudruche. Il est très célèbre aux XVIe et XVIIe siècles sur la scène italienne, mais aussi en Espagne, France, Angleterre et Allemagne. Selon les pays ou histoires, il porte différents noms retentissants : Fracassa, Spavento (épouvante), Rodomonte, Spezza-Monti (Tranche-montagnes), Rinoceronte, Scarabombardon, Brisemur, Fierabras (dans Fanfan la Tulipe, par exemple). Il se décline au fil des siècles. De Shakespeare à Corneille, en passant par Théophile Gautier avec Le Capitaine Fracasse ou Edmond Rostand avec Cyrano de Bergerac.
Son masque est rouge, avec des yeux ronds qui servent son côté pleutre quand on le voit de face ; et un très long nez qu’il porte avec panache et fierté, très impressionnant de profil.
La Sorcière
Son origine de jeteuse de sort remonte, bien sûr, à la nuit des temps et reste mystérieuse. Elle représente la magie et les pouvoirs surnaturels. Rien ne lui est impossible. Tous les autres personnages y croient et se montrent respectueux envers elle. Mais elle a aussi ses faiblesses : anciennement jeune et belle, elle s’est décatie et retirée dans la forêt, à l’orée du village, peut-être suite à un chagrin d’amour… dont elle n’hésitera pas à se venger ! Ses services sont toujours fort chers et elle sert tout le monde.
Son masque est souvent noir. Ça peut être le même que celui de Pantalon.
Arlequin
L'étymologie du mot Arlequin est controversée : on prétend que, dans une troupe de comédiens venue d'Italie en France vers 1580, se trouvait un jeune acteur qui fut admis dans la maison du président Achille de Harlay, et qui reçut de ses camarades le surnom d'Harlecchino (petit Harlay), les Italiens donnant aux valets le nom de leurs maîtres. Il est possible aussi que son nom vienne de l'italien lecchino (gourmand) ou du vieux mot hellequin (petit génie infernal), ou d'erl-koenig (le roi des aunes). Le personnage lui-même remonte à l'Antiquité païenne et se rapproche du caractère du Satyre. Origine peut-être de sa petite bosse rouge au front de son masque. A moins que cette bosse ne rappelle une origine divine, comme aime à le dire Ariane Mouchkine : Arlequin, déjà très curieux, au temps où il habitait l’Olympe, s’est penché tant et tant du Ciel pour voir la terre, qu’il en est tombé !
Arlecchino est l’évolution du personnage du Zanni, le serviteur, déformation probable du prénom très répandu Giovanni. Zanni est un porteur de malles, montagnard des environs de Bergame, descendu à Venise ou à Gênes pour y travailler dans le port. A l’origine rustre, naïf et balourd, Arlequin est devenu au fil du temps rusé, vif, voire cynique ou immoral. Optimiste, il trouve toujours une solution à tout. Paresseux, gourmand et coureur de jupons, il sait aussi être gentil et fidèle. Il est le préféré des enfants, spontané, joueur et malicieux. Il représente l’homme de simple condition, malmené par le pouvoir et la résistance qu’il lui oppose.
Il existe trois familles de masques d’Arlequin, correspondant aux étapes de son évolution : le chien, masque brun aux yeux ronds et au nez court, avec un caractère fidèle et obéissant ; le chat aux yeux en amendes et au nez fin, représentant la ruse et l’indépendance ; et le singe aux yeux petits et ronds pour un caractère agile et malicieux. Parfois son masque peut-être noir, évoquant son origine bergame de charbonnier.
Au XXe siècle, perdant son masque, Arlequin devient le Charlot de Chaplin.